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Idée reçue n°5 : "La taille au taille-haie est-elle vraiment plus efficace que celle au sécateur ?"

  • Photo du rédacteur: Pauline
    Pauline
  • il y a 4 jours
  • 3 min de lecture

Hervé Mureau


Qu'il soit thermique ou électrique, le taille-haie est sans conteste d'une efficacité redoutable en termes de vitesse d’exécution. Néanmoins, les rémanents produits, une fois au sol, nécessitent un temps long de ramassage. Par ailleurs, on l'appelle « taille-haie » et non « taille-arbuste » !


Haies monospécifiques et topiaires entretenus à la cisaille et au taille-haie dans des jardins réguliers : ifs au Jardin botanique de Lyon et charmilles à Cheverny. (Photo © Hervé Mureau)


Le taille-haie, tout comme les cisailles, a pour fonction de maintenir le végétal dans une forme contenue stricte. Son utilisation est adaptée dans un certain contexte paysager donné, avec un objectif précis, en cohérence avec la capacité physiologique des arbustes à accepter une réduction régulière de tous leurs rameaux (troènes, buis, charmilles, ifs...). Ces arbustes qui se structurent par acrotonie, à la manière de petits arbres, ont fait leur preuve dans leur capacité à accepter durablement d'être "tondus" et à maintenir artificiellement une forte densité de rameaux. Notons que dans ce cas, seule la forme obtenue compte. La floraison, quant à elle, importe peu. Cela tombe bien, car il n'y a guère plus castrateur que le taille-haie ! En aucun cas il ne doit être utilisé dans l'optique d'un simple gain de temps.


Utilisation inadaptée du taille-haie sur Corète du Japon (à gauche) et sur un massif de cornouillers sanguins dans le Puy-de-Dôme. L'absence de taille ici apporterait un gain de temps et une plus-value en terme de biodiversité, en offrant gîte et couvert pour la faune sauvage. (Photo © Pascal Prieur)


Les effets du taille-haie sont particulièrement dévastateurs chez les ligneux se développant par basitonie et/ou médiatonie (spirées, corète du Japon, deutzias...) qui se construisent à partir de rameaux vigoureux issus des parties basses ou médianes des rameaux préexistants, voire directement sur la souche ou depuis le sol. Les conséquences d'un suivi au taille-haie sont d'autant plus contre-productives lorsqu'il s'agit d'arbustes à floraison printanière. En plus de désorganiser leur croissance (excès de bois mort, ou à l’inverse réactions vigoureuses verticales sous les points de coupe), le taille-haie anéantira la majeure partie de la floraison (voire toute la floraison), celle-ci étant déjà programmée bien avant l'hiver. Par ailleurs, la transmission d'organismes pathogènes est exacerbée avec le taille-haie qui est plus difficile à bien nettoyer et occasionne des coupes moins nettes, donc plus propices aux invasions de bactéries, virus et champignons.


Le sécateur doit impérativement remplacer le taille-haie pour les arbustes basitones et/ou médiatones. A gauche, réduction de rameau avec relais dominant en fin d'hiver, sur un hortensia. A droite, éclaircie sur souche au sécateur électrique sur Cornus oblica. (Photo © Hervé Mureau)


Chez les arbustes basitones et/ou médiatones, des coupes ciblées au sécateur seront donc à privilégier, celles-ci visant à conserver un maximum d'arcures pour modifier à minima le port naturel de l'arbuste, en conservant un bon niveau de floraison. Ce résultat est impossible à obtenir avec un taille-haie.


Deutzia crenata au Cimetière Parc de Nantes (à gauche) : tous les bois de deux ans sont supprimés chaque hiver, sur la souche, au sécateur. L’arbuste conserve son port naturel. La floraison est minorée mais reste importante. A droite, Spirée cantoniensis var. lanceolata non taillée au Parc de la Tête d’Or, à Lyon. (Photo © Hervé Mureau)


Gardons à l'esprit que dans bien des cas, l'absence de taille est LA meilleure façon de valoriser un arbuste et d'en obtenir une floraison abondante !


Hervé Mureau, mai 2025


Les fiches techniques "Idées reçues" sont le fruit d'une réflexion collective initiée à Lomme en 2024 lors de l'Assemblée générale des Arbusticulteurs, avec Pauline Frileux, Aymeric Jollet, Hervé Mureau, Pascal Prieur et René Reboul.

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